Si l’on se réfère à deux des significations du mot avatar, celles d’événement fâcheux et de transformation, identifications et avatars vont de pair. Il n’y a pas d’identification tranquille et immuable. Le psychanalyste en est souvent témoin quand un sujet lui adresse la demande de restaurer une identification qui a vacillé. Car si l’identification est une première modalité de rapport à l’Autre, il n’en demeure pas moins qu’elle est un élément venant recouvrir la barre qui frappe le sujet d’une division, et ce trou peut ressurgir derrière cette couverture. Par ailleurs, si l’identification est toujours faite d’un signifiant prélevé chez l’Autre, elle est également corrélée, d’une façon ou d’une autre, à une jouissance. La moustache de Hitler, comme trait unaire qui condense son « tout petit plus-de-jouir », est un exemple paradigmatique de signifiant investi de jouissance autour duquel s’organise l’identification d’une foule. Or, signifiant et jouissance sont deux éléments hétérogènes. Leur articulation n’étant jamais parfaite, elle ne peut que produire des avatars.
Une cure analytique est en soi un avatar des identifications, puisqu’elle les transforme. Quand l’être du sujet vagabonde d’un signifiant à l’autre sans pouvoir s’inscrire sous un S1 qui l’apaise, l’analyse les consolide. Quand le sujet est au contraire figé sous un ou plusieurs signifiants qui le contraignent à un rapport monolithique au monde, elle desserre les identifications. Dans ce cas, le parcours d’une analyse peut être décrit comme allant de l’identification à la désidentification. À la fin d’une cure, le sujet trouve un usage de l’identification au-delà de la détermination ; elle devient un instrument à sa disposition…