«Il faudrait abandonner délibérément tout ce qui constitue le «cadre d’une vie», béquille du biographe, propre à le faire clocher infailliblement : faire de ce cadre le nerf d’une biographie, c’est confondre le fil de fer avec la branche de l’espalier qui s’y enroule, mais n’y puise rien, et l’ignore totalement. Il faudrait élaguer tout ce qui n’a pas été, – entre soi et le monde – heures d’écoute profonde, de branchement parfait, et prendre pour principe d’un tri impitoyable le beau titre de Cingria : Bois sec – bois vert.»
Ce dire de Gracq sied comme un gant aux récits de cas freudiens. Nul souci d’équilibre ou de contrainte chronologique n’en guide exclusivement la relation. Retenir «seuls les rameaux où la sève intime monte encore» (Gracq encore). «L’exposé linéaire n’est pas très approprié à la description des processus psychiques, qui sont entremêlés et qui se déroulent dans des couches psychiques différentes» (Freud in «La Jeune homosexuelle»).
La reconstruction méthodique des chaînes associatives y dessine toujours un chaînon manquant, une cause absente dans l’enchaînement des propositions. En guise de méthode, Freud nous invite à tenir ensemble l’histoire du patient et la construction, combiner le point de vue historique (histoire du cas) au point de vue pragmatique (histoire du traitement) et aussi : croiser sans cesse la direction de la cure et l’ordre de l’exposition et opposer en les nouant l’exposé analytique et l’exposé synthétique. Subtil tressage qui devrait inspirer nos récits de cas….