Tout au long de sa vie, Lacan n’a pas cessé de garder un lien avec la psychiatrie qui l’avait formé[1]. Il s’est préoccupé de son devenir tant clinique qu’institutionnel, depuis le moment où il était interne et chef de clinique à Saint Anne. Sans doute met-il ensuite au compte de « quelques devoirs de broutille »[2] du chef de clinique la reconfiguration des paranoïa[3] pour mettre l’accent sur l’apport de l’automatisme mental en faisant de Gaëtan Gatian de Clérambault son seul maître en psychiatrie.[4] Dés la fin de la 2e guerre mondiale il écrit un texte sur la psychiatrie anglaise et la guerre et s’associe un temps au groupe dit Docteur Batia[5] qui réunissait les principaux acteurs de la psychiatrie publique et privée pour envisager la reconfiguration de la psychiatrie française après le désastre qui avait frappé les malades des asiles pendant cette période.
[1] Intervention lors de la journée anniversaire de la Section clinique de Bordeaux, le 10 mars 2012.
[2] Lacan J., Je parle aux murs, Paris, Le Seuil, 2011, p. 90.
[3] Lacan J., « Structures des psychoses paranoïaques », La Semaine des Hôpitaux de Paris, n° 14, juillet 1931, p. 437- 445.
[4] Lacan J., « De nos antécédents », Écrits, Paris, Le Seuil, 1966.
[5] Les principaux acteurs de la psychiatrie se réunissaient pour fonder un groupe qui se donne le nom collectif du fictif Docteur Batia à l’instar des mathématiciens qui avaient fondé le groupe Bourbaki, pendant un temps très court (Julian de Ajuriaguerra, Paul Bernard, Lucien Bonnafé, Georges Daumézon, Henri Duchêne, Henri Ey, Pierre Fouquet, Sven Follin, Jacques Lacan, Louis Le Guillant, Paul Sivadon, François Tosquelles). L’objectif de repenser la psychiatrie française sans exclure les courants qui la composaient se heurtera à la calomnie stalinienne contre la psychanalyse.