Black Swan
La jouissance de l’Autre, n’est pas le signe de l’amour[1]
L’écriture et le récit du film Black Swan[2] délivrent un savoir sur le sujet moderne, la langue qui constitue son monde et avec laquelle il prend corps.
Le monde de la danse sert de propos à ce film. Celui-ci inscrit dans la modernité le conte qui a inspiré Tchaïkovski : le lac des cygnes. S’agit-il d’un film sur la danse ? Ce scénario conforte nos préjugés quant au narcissisme des artistes et à la rigueur torturante d’une discipline qui exige une performance. Mais il n’ouvre pas à l’énigme de ceux qui acceptent de souffrir dans leur corps pour l’amour de l’art. Nous avons affaire à une danse défaite de son mystère. La torture du corps y est montrée sur un versant de jouissance mortifère, lié à l’exercice désarticulé d’une pratique artistique.
[1] Lacan J., Le Séminaire, livre XX, Encore, Le Seuil, 1975, p. 11. Citation complète : « la jouissance de l’Autre, de l’Autre avec un grand A, du corps de l’Autre qui le symbolise, n’est pas la signe de l’amour. »