Les hystériques ont beau avoir disparu du DSM, le cinéma, lui, ne les oublie pas. Dans le dernier film de Christophe Honoré, Non ma fille tu n’iras pas danser (2009), Chiara Mastroianni tient le rôle de Léna, femme à la dérive – elle a quitté travail et mari – qui s’emploie à combattre un à un tous les plans fomentés par sa famille pour la faire rentrer dans
le rang, ainsi que tous les signifiants desquels on l’affuble. Elle dénonce le conformisme de ses parents qui, selon elle, se sont « habitués à ne pas respirer » (le père est mourant et dominé par la mère), et épuise les hommes à force de dérobades.
Au coeur du film, une allégorie : la légende de Katell la Perdue, jeune fille qui, refusant le mari que lui destinait le père, ne désire que danser. Un à un, ses prétendants meurent de n’être pas à la hauteur de son désir, jusqu’à ce qu’elle rencontre l’au-moins-un, sous la figure du Diable, et en soit mortellement saisie. Telle Katell ou, avant elle, Médée, Léna renonce à tout ce qui lui est le plus cher pour choisir la voie du défi et de la souffrance.