Deuil fini et infini
« Le deuil est régulièrement la réaction à la perte d’une personne aimée. […] Il est aussi très remarquable qu’il ne nous vienne jamais à l’idée de considérer le deuil comme un état pathologique […]. Nous comptons bien qu’il sera surmonté après un certain laps de temps, et nous considérons qu’il serait inopportun et même nuisible de le perturber. » Ces remarques, écrites par Freud en 1915 dans l’article « Deuil et mélancolie », sont commentées par Lacan en 1963 dans son Séminaire L’angoisse : « Freud nous fait remarquer que le sujet du deuil a affaire à une tâche qui serait de consommer une seconde fois la perte de l’objet aimé provoquée par l’accident du destin. Et Dieu sait combien il insiste, a juste titre, sur le côté détaillé, minutieux, de la remémoration de tout ce qui a été vécu du lien avec l’objet aimé. » Lacan explique que l’objet petit a cerné dans le deuil est aussitôt recouvert par l’image i(a), et que cette énumération minutieuse des détails imaginaires liés à l’objet perdu aimé par le survivant en témoigne. Pour Freud, ce deuil, même parfois sévère, est « non-pathologique » puisque « […] le moi après avoir achevé le travail du deuil redevient libre et sans inhibitions. »