La lecture a toujours le vent en poupe dans nos enseignements. Cet accent a partie liée avec notre attachement aux textes des fondateurs, dans la veine notamment du retour à Freud impulsé par Lacan et de ses «conseils de lecture» : on ne dépasse pas les grands auteurs, on s’en sert avec les directions qu’ils nous livrent.
A première vue, cette perspective n’est pas en phase avec les changements les plus récents : le goût des modes funestes, la volonté d’être nous-mêmes appellent à déserter l’école des maîtres. La valeur du passé s’éloigne. Elle paraît ringarde au sujet contemporain tout enfermé qu’il est dans son expérience, coupé de ses ascendants.
Dans une conférence inédite (Toulouse, 2005) J.-A. Miller relevait cette perte du signifiant maître dans une civilisation caractérisée par le relativisme. Surtout, il avait souligné comment le signifiant maître s’incarne au mieux dans l’écrit : «Ce sont des écrits qui supportent le caractère d’absolu des grandes causes. Or, dans la psychanalyse, on ne peut pas s’en remettre à l’écrit de cette façon parce que précisément l’écrit peut toujours prendre cette valeur exaltée de l’idéal, de l’absolu. On s’en tient à la parole car elle a, par elle-même, un effet de désagrégation de l’idéal, de l‘absolu».
Prenons-en de la graine. Comment laisser les textes venir aux nouvelles générations ? Comment les relire pour les rendre à leur actualité et les voir d’une lumière nouvelle ?